Bâtiment : l’intelligence artificielle va-t-elle remplacer l’homme ?
| par Nathalie Perrier

La révolution impulsée par l’Intelligence Artificielle (IA) est inéluctable. Le bâtiment, comme tous les secteurs, doit s’y préparer. La Fédération française du bâtiment (FFB) s’est emparée du sujet.
Les robots vont-ils remplacer l’homme dans le bâtiment ? A l’heure des LegalTech pour les services juridiques ou des MedTech pour le domaine médical, le bâtiment ne peut ignorer cette question. Afin d’anticiper les mutations à venir, la Fédération Française du Bâtiment (FFB) a mené en interne une étude sur l’intelligence artificielle. « L’IA constitue un potentiel qui ouvre de nouveaux champs : accroissement des connaissances de manière générale, meilleure appréhension des besoins et des usages, capacité de prédiction, aide à la décision, estime Jacques Chanut, président de la FFB. Le bâtiment n’échappera pas à cette lame de fond même si de nombreuses questions organisationnelles se posent ».
L’intelligence artificielle ou IA (le terme est apparu la première fois lors d’un colloque aux Etats-Unis en 1956) consiste à utiliser des technologies numériques pour créer des systèmes capables de reproduire de manière autonome les fonctions cognitives humaines. Elle est capable, à partir de données, de mieux analyser le présent et de prévoir le futur. Dans le bâtiment, l’IA peut par exemple détecter un élément sur une image (une dalle de béton sur une photo aérienne par exemple) ou encore anticiper une panne de machine à partir de l’historique des données de ladite machine. Les champs d’intervention sont extrêmement larges, tant au niveau de la conception, du chantier que de l’exploitation et la maintenance des bâtiments ou encore la gestion, les talents, les compétences.
Conception, chantier, gestion des ressources humaines…
La FFB a listé dans son rapport un certain nombre de tâches dont la réalisation pourrait très probablement être accompagnée par de l’IA à moyen terme. En matière de conception/chantier : développement de simulations à partir de données en intégrant les contraintes réglementaires, optimisation des plan, amélioration de la connaissance des sols et sous-sols… En matière d’exploitation/maintenance des bâtiments : amélioration de la qualité de l’air et du confort intérieur des locaux grâce aux objets connectés, anticipation des pathologies du bâtiment, optimisation des ressources (eau, air) et des énergies (gaz, fioul, bois, charbon, vapeur, électricité, énergies renouvelables). En matière de ressources humaines : amélioration du recrutement, du choix des formations ou encore gestion de la maintenance interne à l’entreprise.
Produire et analyser des données
Pour réussir cette mutation, le bâtiment, souligne la FFB, doit être à même de « produire et maîtriser les données ». Or, dans le bâtiment, la question des données se révèle plus complexe car le secteur est fragmenté (il compte de nombreux métiers et près de 400 000 entreprises de toutes tailles en France métropolitaine) et les données d’un chantier ne sont pas suffisamment organisées et sont rarement partagées. Pour autant, la révolution est déjà en marche. Le développement du BIM (Building Information Modeling/Model/Management) est un support de changement, tout comme le boom des objets connectés.
Autre enjeu identifié par la FFB : la formation. « Cette révolution technologique impose d’ores et déjà, souligne Jacques Chanut, président de la FFB, l’acquisition de compétences nouvelles et des mutations dans le secteur du bâtiment ». Aux entreprises désormais de prendre conscience de la nécessité du changement. Dans un secteur qui peine souvent à séduire et recruter de jeunes talents, l’IA constitue une opportunité à saisir pour rendre attractifs les métiers du bâtiment.